ça défile, ça vrombit, résonne ce vacarme, cache les cris, recouvre les souffles de bombes de peinture. Ils cherchent l’anonymat ceux-là qui frôlent les murs, ceux-ci qui laissent leur trace. Ils gravent leur haine, l’angoisse, écrivent pour ne pas hurler, souillent pour ne pas penser. Ils jettent là les débris de l’oubli, avancent en cadence dans l’obscurité striée par les phares. Jaune criard. 
« Gamin de la liberté » s’affiche tremblant plaqué contre la voie. Il a dansé avec le feu , frêle silhouette s’aventurant dans l’ombre hors du chemin. Les talons claquent avec hâte: les ténèbres affolent, terrain des cauchemars, quelles sont ces murmures? Quel est ce choc? On circule de la lumière à l’obscurité, et dans un crescendo, l’ascension finale, une lueur! 
Il passent souvent deux fois, ces arpenteurs, l’aller puis le retour. Avancent pour reculer ensuite. Retour au point de départ, loin, là-bas où le soleil tape. Ici il n’est qu’ombre; le vent s’engouffre, gémit « ne restez-pas là ». Mais la deuxième fois, ils ne se hâtent pas. 
Un passage, parchemin liant deux mondes, tantôt tunnel, tantôt pont, je les vois défiler, se frayer un chemin en mon sein puis faner à nouveau; allez-vous en loin de ma nuit!
m4a
Sous le pont